Les adhérents et amis de notre association connaissent bien Philippe Mothiron, fervent défenseur du Bois de Verneuil, spécialiste vernolien des hétérocères (papillons de nuit), animateur chaque année de la désormais célèbre Nuit du Papillon. Nous nous faisons ici l’écho des nombreuses surprises entendues lors de la conférence organisée par Naturparif à la halle Pajol en plein cœur de Paris le 15 septembre dernier.
Selon Wikipédia, les lépidoptères sont un ordre d’insectes dont la forme adulte est communément appelée papillon et dont la larve est une chenille. Jusque-là, nos idées reçues sur les papillons ne sont pas trop mises à mal. Mais comme le dit d’emblée Philippe Mothiron, « la nuit tous les papillons ne sont pas gris ».
Les hétérocères sont des papillons qui « volent en général la nuit » mais ce que l’on peut retenir, c’est que sur 5500 espèces de papillons, 95% soit la grande majorité sont des hétérocères, c’est-à-dire des papillons de nuit que l’on a peu l’occasion d’observer.
Un monde de diversité qui sort peu à peu du maquis
Et entre les différentes familles de macrolépidoptères ou de microlépidoptères, par exemple les zygènes ou les sésies, et les dizaines d’espèces qui en font partie, difficile de s’y retrouver quand on aborde pour la première fois cet univers complexe. D’autant qu’avant 2007, il n’existait aucun ouvrage en langue française décrivant ces papillons de nuit. Et ces bestioles n’avaient pas encore toutes un nom français.
Ce soir-là Philippe Mothiron nous a surtout parlé des macrohétérocères c’est-à-dire l’ensemble qui est souvent désigné sous le terme de « papillons de nuit. Parmi les surprises : la faune francilienne est plus colorée qu’on ne l’imagine : la lichénée bleue par exemple imite l’écorce dans un bel effet de camouflage, effet extraordinaire que l’on retrouve aussi chez certaines chenilles. Pour la taille, c’est le grand paon de nuit (16 cm d’envergure) qui impression le plus.
Comment observer les hétérocères ?
Si vous vous découvrez une vocation d’explorateur entomologiste nocturne, la solution la plus simple est d’utiliser l’attraction lumineuse, en vous munissant d’une lampe et d’un drap, et en évitant la pleine lune, le vent et la pluie. Cela convient pour les hétérocères dont le système de navigation est basé sur la lumière.
Mais pour faire des inventaires, il faut compléter par d’autres méthodes, par exemple la recherche de butineurs sur les fleurs ou attirer les papillons en badigeonnant les troncs ou les feuilles avec des substances sucrées. Ou encore, la recherche des chenilles, et pour les espèces hivernales, des femelles sur les troncs.
Ensuite comment les nommer ? Pas facile reconnaît notre spécialiste, « Il faut savoir tâtonner pour apprendre ». Vous pouvez déjà essayer de distinguer les Noctuidae (653 espèces) au corps robuste et aux ailes en forme de toit au repos, et les Geometridae (640 espèces) au corps frêle et aux ailes à plat au repos. « Dans la majorité des cas, ça marche ! ». Mais ensuite cela se complique car il existe 17 familles de macrohétérocères ! Et certaines distinctions sont très subtiles, l’appareil génital étant parfois le seul moyen de faire le tri.
Enfin, si le cœur vous en dit, il est aussi possible d’élever des hétérocères !
En Ile-de-France, Philippe Mothiron a coordonné l’inventaire régional et 835 espèces ont été recensées. Cela représente la moitié des espèces française, ce qui confère à notre région une très bonne place. Le département des Yvelines avec 699 espèces représentées est également bien placé parmi les départements d’Ile-de-France, loin devant les départements plus urbanisés où la pollution lumineuse est importante. Comme pour beaucoup d’insectes, les scientifiques ont constaté 5% de disparitions chez les papillons de nuit et 13% chez les papillons de jour depuis 1980.
Pour en savoir plus, allez à la découverte du site réalisé par Philippe Mothiron : www.lepinet.fr. Très pédagogique, ce site s’adresse aux débutants comme aux amateurs confirmés. Vous y trouverez des cartes de répartition nationale par espèces. Et vous pourrez même améliorer la cartographie en communiquant vos observations. A voir également le site internet du Cettia IdF qui est la base de données naturalistes d’Ile-de-France (www.cettia-idf.fr).