Un projet immobilier menace le dernier point de passage entre le massif forestier de l’Hautil et la Boucle de Chanteloup ; l’occasion de revenir sur les notions de trames vertes et bleues et de continuités écologiques.
En France, la notion de continuité écologique a d’abord été utilisée dans le cadre des directives sur l’eau pour assurer la préservation et la restauration des milieux aquatiques ; elle a ensuite a été transposée aux milieux terrestres pour désigner à la fois les réservoirs de biodiversité et les corridors constituant la trame verte et bleue. La trame verte concerne les milieux terrestres alors que la trame bleue se rapporte aux milieux aquatiques.
La trame correspond donc à un ensemble de milieux suffisamment bien connectés pour préserver et restaurer un réseau de continuités pour que les espèces animales et végétales puissent circuler, s’alimenter, se reproduire et se reposer assurant ainsi leur cycle de vie.
Les continuités écologiques peuvent être interrompues par des obstacles d’origine anthropique, ce qui se traduit par une rupture réduisant ou empêchant la libre circulation des espèces. Ces obstacles peuvent être ponctuels, linéaires (routes, autoroute) ou surfaciques (ville, zone de culture intensive). Le maintien des continuités écologiques est particulièrement difficile en zones urbanisées. Les coupures sont nombreuses : routes, voies ferrées, alignements urbains, etc. Un nouvel aménagement peut compromettre la mobilité des espèces notamment où elle est déjà fragilisée.
Un exemple de cette fragilité nous est donné par le projet immobilier de Feucherêts-Basins à Triel-sur-Seine. Il s’agit d’un projet de 250 logements route de Chanteloup à Triel-sur-Seine (derrière le COSEC) porté par la société Nacarat. La zone est constructible au niveau du PLUi (Plan Local d’Urbanisme intercommunal).
Nous avons découvert ce projet à l’occasion du dépôt de la demande au cas par cas faite par l’aménageur (il s’agit d’une demande auprès de l’administration pour déterminer si une étude environnementale est nécessaire pour le projet). Pour nous ce projet risque de fermer définitivement le couloir écologique existant entre le massif de l’Hautil et la Boucle de Chanteloup (cf. photos en en-tête de cet article et ci-dessous).
Dans le projet de SDRIF (Schéma Directeur Régional d’Ile de France), cette continuité écologique a disparu par rapport à la version précédente : la Région a simplement maintenue une continuité écologique qui n’existe pas dans les faits, le long de la RD55. De plus cette zone va être impactée par le projet d’A104 bis (liaison RD30/RD190 et construction d’un nouveau pont à Achères).
Malgré l’alerte que nous lui avons transmise, l’administration n’a pas demandé à l’aménageur de réaliser une étude d’impact pour son projet. Aussi avec cinq autres associations (Bien vivre à l’Hautil, Bien vivre à Vernouillet, Non au Pont d’Achères, Rives de Seine Environnement et Triel-sur-Seine Environnement), nous avons porté un recours gracieux contre la décision du Préfet de Région (cf. réponse du préfet de Région). Nous négocions actuellement avec l’aménageur pour que la continuité écologique soit préservée. Nous ne nous interdisons pas de porter un recours auprès du tribunal administratif (contre cette décision puis contre le permis de construire) si l’aménageur n’améliore pas son projet sur cette question.
Maintenir les continuités écologiques qui sont grignotées par chaque nouvel aménagement est important pour préserver la biodiversité sur notre territoire. Ce travail de maintien devrait normalement être assuré par la Région Ile de France dans le cadre du projet de SDRIF. Nous interviendrons sur ce point lors de l’enquête publique qui se déroulera en février 2024.
Photo en en-tête : Vue du projet immobilier extraite du dossier de demande d’examen au cas par cas préalable à la réalisation éventuelle d’une évaluation environnementale. SCCV Feucherêts-Basins.
Ci-dessous comparaison du SDRIF actuel et du projet de SDRIF qui sera proposé à l’enquete publique.