Au mépris de la richesse des zones traversées et malgré la forte opposition de la population à ce projet, le Maire de Triel-sur-Seine a démarré la construction de la piste cyclable à travers le massif de l’Hautil. Contestant ce projet et les méthodes employées, les associations ADIV-Environnement et Bien Vivre à l’Hautil ont été contraintes de déposer par l’intermédiaire de leur avocat une requête en excès de pouvoir auprès du tribunal administratif de Versailles.
Pour mémoire, le projet consiste en la création d’une piste cyclable (ou « voie verte » selon les différentes versions du projet) d’une longueur de 1600 m, construite en élargissant le chemin des Picardes qui relie le bourg de Triel-sur-Seine à l’Hautil.
Bien évidemment, ces deux associations environnementales sont favorables au développement des pistes cyclables sur notre territoire. Parmi les autres associations opposées à ce projet, on compte d’ailleurs l’association Un Vélo qui Roule, une association fortement impliquée dans le développement des pistes cyclables sur notre territoire ; elle y travaille en relation avec les différents acteurs (départements, GPSEO, communes).
Conçu sans aucune concertation avec les associations, ce projet de piste cyclable a fait l’objet de nombreuses annonces, puis de démentis de la part du Maire de Triel-sur-Seine. Les caractéristiques du projet ont-elles-mêmes évoluées : par exemple, l’éclairage de la piste par des lampadaires semble avoir été (heureusement) abandonné, le tracé a été modifié…
Ce projet dit « Chemin des Picardes » a été lancé sans autorisation d’urbanisme alors qu’il est situé en zone naturelle préservée réservoir de biodiversité (NPr) au niveau du PLUi de GPSEO, en Espace Naturel Sensible (ENS), en ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique), qu’une mare se situe à proximité (zone humide) et qu’il transperce l’Espace Boisé Classé (EBC) constitué par la forêt de l’Hautil. Ce niveau de protection atteste de la richesse de la biodiversité de ce massif forestier.
A la demande des associations, un commissaire de justice a attesté la présence de 294 souches visibles d’arbres correspondant aux coupes effectuées (dans une vidéo mise en ligne en septembre 2023, le Maire de Triel-sur-Seine affirmait qu’il n’y aurait pas plus de 10 arbres qui seraient abattus). Permettant l’élargissement du chemin des Picardes, ces coupes ont d’ailleurs été réalisées sans demande d’autorisation aux propriétaires concernés.
L’absence d’autorisation d’urbanisme et de demande d’autorisation aux propriétaires a été reconnue par les services juridiques de la commune de Triel-sur-Seine comme le rapporte le mail ci-dessous :
Tous ceux qui connaissent la forêt de l’Hautil connaissent les risques liés aux effondrements dus à la présence d’anciennes carrières de gypse. Or une partie du tracé de la piste cyclable traverse la zone rouge qui correspond à un risque d’effondrement élevé selon le Plan de Prévention des Risques Naturels (PPRN). Une grande partie du tracé se trouve en zone bleue (zones B1, B2a et B2b) de ce PPRN pris en 1995. Mais la municipalité n’a fourni aucune étude géotechnique attestant de l’absence de risques pour la construction et l’utilisation de la piste cyclable.
Au-delà de ces aspects environnementaux, notons également que le Maire de Triel-sur-Seine a lancé les travaux de construction de la piste cyclable alors que le conseil municipal ne lui avait pas délégué la compétence lui permettant de signer ce marché public (le Préfet des Yvelines a ensuite fait résilier ce marché). Enfin si une demande de subvention a effectivement été faite auprès du Département pour un montant de 733 716 € afin de financer ce projet dont le coût est estimé à 917 146 € HT, le Département a pour le moment refusé toute subvention au motif que « le projet présenté n’est pas suffisamment complet pour en apprécier la faisabilité technique et financière ».
Outre ces importantes irrégularités dans la conception et la construction de ce projet de piste cyclable, nous considérons qu’une telle piste risque d’être utilisée par des engins motorisés (motos, quads …) ce qui fragiliserait les milieux naturels et nuirait à la tranquillité de cette forêt.
Nous avons donc demandé à Maître Pitti-Ferrandi de déposer une requête en excès de pouvoir auprès du Tribunal administratif de Versailles. Une requête en référé pour suspendre les travaux a également été déposée. Nous ne pouvons accepter que les mesures de protection mises en place pour la sauvegarde du massif forestier de l’Hautil ne soient pas respectées, fût-ce pour la construction d’une piste cyclable.
Photo en en-tête : vue de la piste cyclable en construction.